
Inoha et la FMB ont dévoilé, le 29 avril 2025, les chiffres 2024 du marché français du bricolage © Inoha/LinkedIn
Le marché français du bricolage perd plus de 1 Md€
Le marché de l’aménagement de la Maison en grande surface de bricolage (GSB) enregistre une seconde baisse consécutive de son activité en 2024, évaluée à 4,3 % en valeur par la FMB et Inoha. Cette dernière considère d’ailleurs que la pérennité et le développement de la filière devra s’appuyer sur des industriels qui “retrouvent des marges suffisantes pour investir dans leurs outils de production et innover dans leurs produits.”
La décroissance d’activité observée en 2023 par les acteurs du bricolage (-1,4 % en valeur, avec un chiffre d’affaires de 24 Md€), s’est poursuivie en 2024. En effet, le marché de l’aménagement de la Maison en grande surface de bricolage (GSB) enregistre une baisse de 4,3 % en valeur sur l’exercice 2024, avec un chiffre d’affaires de 22,1 Md€, selon les chiffres avancés par par la FMB (Fédération des Magasins de Bricolage) et Inoha (Les Industriels du Nouvel Habitat).
Les initiatives déployées par les enseignes de l'aménagement de la maison (accompagnement dans la réalisation des projets, notamment dans la rénovation énergétique, ou encore déploiement de la location) n’auront pas suffi à contrebalancer “la tendance à la baisse du marché des GSB”. Celui-ci pâtit notamment d’un “contexte morose”, qui voit les ménages particulièrement frileux à l'idée d’engager des travaux à la lumière de “la hausse des taux d’intérêt, l’incertitude économique et politique, l’impact général de l’inflation sur la consommation, sans oublier une météo particulièrement mauvaise”, nous apprennent la FMB et l’Inoha dans leur étude “Les chiffres 2024 du Marché français des GSB et les tendances consommateurs”.
Cependant, le marché du bricolage recule moins sévèrement qu’attendu selon les dires de Juliette Lauzac, chargée d’études chez Add Power pour la FMB et Inoha. Un marché traité à 75 % par les enseignes GSB, et partagé entre quatre groupes qui en détiennent 97,5 % : Adeo (environ 50 %), Kingfisher (25 %), Les Mousquetaires (14,5 %) et Mr Bricolage (8 %).
Notons que “les 22,1 Md€ mentionnés pour 2024 par la FMB devraient être en réalité à un niveau de l’ordre de 22,8 Md€, car deux enseignes ne sont plus comptabilisées : Brico Pro (groupe Cofaq) et Brico Leclerc, soit environ 700 M€. Elles n’ont en effet pas répondu en temps et en heure à la nouvelle certification des chiffres demandées par la FMB. Si cela n’affecte pas la tendance générale du marché, cela redistribue en réalité un peu plus de parts de marché à tous les autres acteurs de la profession”, nous apprennent nos confrères de Zepros Négoce.
Ralentissement au rayon Plomberie-SDB-cuisine
Dans ce contexte, les ventes au grand public se concentrent davantage sur les projets d’entretien et de réparation, comme en témoigne la croissance notable des peintures et enduits intérieurs (9% en valeur). Quant à celles liées à l’amélioration de l’habitat et les projets d’ampleur, le constat est plus pénible :
- -5,1 % pour le rayon Plomberie-salle de bain-cuisine
- -2 % pour le rayon Outillage
- -6,2 % pour le rayon Chauffage
- -4,2 % pour le rayon Électricité (gaines, câbles, interrupteurs, prises, motorisation, photovoltaïque)
- -7,2 % pour le rayon Bois et Menuiserie (huisserie, panneaux, planches, tasseaux, moulures)
- -6,4 % pour le rayon Bâtiment (poudres, agrégats, cloisons, isolation)
- -0,2 % pour le rayon Peinture/Droguerie/Colle
- -7,9 % pour le rayon Revêtements (sols, murs, colles)
- -5,2 % pour le rayon Décoration, dont -4 % pour les Luminaires (qui pèsent pour 52 % du CA du rayon)
- -4,7 % pour le rayon Jardin
Bien qu’il affiche une baisse sensible en 2024 (-5,1 % en valeur), le rayon Plomberie-salle de bain-cuisine “reste le 3ème rayon qui a le plus progressé depuis 2019 (+16 %). Sur ce rayon, la famille Plomberie, très technique, se maintient beaucoup, tandis que les familles SDB et cuisine qui se déclinent en mode projet sont bien plus impactées.”
“Un acteur majeur de la rénovation de l’habitat”
Bien que les consommateurs fassent aujourd’hui preuve d’un certain attentisme, “la valorisation du foyer n’en reste pas moins une préoccupation centrale pour les Français. Cela, aussi bien dans une optique patrimoniale, que pour se sentir bien chez soi au quotidien. En d’autres termes, prendre soin de son cadre de vie immédiat reste une vraie valeur refuge”, précise Juliette Lauzac.
Cela se traduit donc par l’assertion du statut d’incontournable des enseignes GSB en ce qui concerne les conseils qualifiés pour tout type de projets, ainsi que par le développement de leur expertise en matière d’achat en ligne : la part des ventes en ligne des d’enseignes d’aménagement de la maison ne cesse de croître puisqu’elle atteint 5,6% de leur chiffre d’affaires en 2024, après être passée de 2,2 % à 5,3 % entre 2019 et 2023.
En outre, les actes d’achat débutent de plus en plus souvent par une recherche en ligne : l’étude exclusive Inodata, la plateforme de business intelligence d’Inoha, réalisée à partir des recherches Google et en partenariat avec la plateforme française d'écoute de recherche Trajaan, montre en effet que 18 millions de recherches internet ont été effectuées en lien avec les tendances sur les produits de bricolage et de jardinage en 2024 ; et plus précisément “autour des thèmes de la seconde main, de la durabilité et de la réparabilité” depuis maintenant trois ans, explicite Jean-Luc Guéry, président d’Inoha.
“Notre secteur reste un acteur majeur de la rénovation de l’habitat, valeur refuge pour les Français, et joue un rôle incontournable dans la rénovation énergétique des logements. Le travail en bonne intelligence avec nos partenaires industriels, dont Inoha, est lui aussi déterminant pour continuer d’accompagner les Français dans l’amélioration de leur habitat” - Caroline Hupin, déléguée générale de la FMB.
Pour autant, Jean-Luc Guéry est soucieux, alors que les “différentes composantes des prix de revient de nos produits continuent d’augmenter tandis que les volumes de vente reculent, mettant nos entreprises sous pression. Les évolutions réglementaires de plus en plus contraignantes mettent à mal l’agilité de nos adhérents”. Il exhorte même les industriels à retrouver “des marges suffisantes pour investir dans leurs outils de production et innover dans leurs produits. Ces leviers sont indispensables pour assurer la pérennité et le développement de notre filière.” À bon entendeur...